Projet de reconversion du site Total de La Mède : les producteurs français de biodiesel s’alarment

Le syndicat des estérificateurs français a pris connaissance du projet annoncé le 16 avril par le groupe Total, consistant à reconvertir sa raffinerie de la Mède en outil de production de biocarburant à base d’huiles végétales.

Les producteurs français de biodiesel s’alarment des conséquences pour la filière française du biodiesel et demandent une étude d’impact.

Les producteurs français de biodiesel s’alarment des conséquences pour la filière française du biodiesel et demandent une étude d’impact

Paris, le 20 avril 2015 – Ce projet, qui prévoit la production de 500 000 tonnes/an de biocarburant HVO (huile végétale hydrotraitée), devrait nécessairement impliquer une matière première non produite en France, principalement de l’huile de palme importée dont le coût est très inférieur à celui de l’huile de colza produite en France. Alors que la production de biodiesel en France est aujourd’hui issue à plus de 80 % d’huile de colza provenant de cultures dans les territoires français, le projet aurait pour effet d’en réduire significativement la part d’origine nationale.

Les conséquences, lourdes, porteraient à la fois sur la filière agricole oléagineuse (baisse d’environ 25 % des surfaces de colza cultivées en France, soit 400 000 hectares, et recours à l’importation massive de tourteaux de soja d’origine nord ou sud-américaine pour compenser la moindre production de tourteaux de colza servant à l’alimentation animale) et sur la filière industrielle du biodiesel, déjà fragilisée en Europe et en France. Cette dernière sort à peine d’une phase de restructuration de capacités de production excédentaires, pour s’adapter au marché suite à la pause à 7% de l’incorporation de biodiesel issu d’oléagineux dans le gazole décidée par les pouvoirs publics français et européens. Situation de marché aujourd’hui aggravée par la forte chute des prix du pétrole.

Dans ce cadre, la mise en service d’une nouvelle unité accroissant de 25 % la capacité nationale ferait peser une menace réelle sur les usines déjà existantes, engagées dans une compétition mondiale féroce alors que les mécanismes fiscaux de soutien prennent fin. De plus, cette nouvelle unité envisagée par Total serait contrainte de s’approvisionner hors de France pour les huiles usagées (la ressource étant déjà exploitée par les unités existantes) et hors d’Europe pour l’huile de palme qui constituera sa principale matière première.

« Les filières agricole et industrielle du biodiesel représentent près de 20 000 emplois en France de l’amont agricole à l’aval industriel, contribuent à hauteur de 2 md€ au PIB national et permettent une économie d’importations de diesel et de tourteaux pour l’alimentation animale de l’ordre de 1,5 md€ selon une récente étude du cabinet PwC » rappelle Kristell Guizouarn, présidente d’Esterifrance.

Face à cette situation et devant le risque de déstabilisation du marché du biodiesel et de ses acteurs, le syndicat demande :

  • que des garanties soient apportées pour la préservation des outils et débouchés existants ;
  • qu’une étude précise et factuelle de l’impact économique, industriel et environnemental du projet de Total à La Mède soit réalisée.